Courrier envoyé depuis la Sicile :
"Depuis Palerme, tutto va bene, très bien même.
Soleil violent, quelquefois atténué par le vent du large.
J'ai eu des difficultes dans les grosses montées. Deux pétages de cable, au sens propre et au sens figuré mais...tutto va bene.
Roger sait gérer les situations et le kilomètrage, et éviter les hypoglycémies.
Les points internet sont très très rares, quasiment inexistants. Là, je suis à l office du tourisme, ordinateur prêté exceptionnellement.
Demain, bus pour Catania.
Le moral est excellent.
Ne vous faites pas de souci.
On est comme des coqs en pâte (gelaterie, petits restaus, repos camping, visites de sites archéo...)
Toujours pas de téléphone pour Roger.
Bisous et à bientôt...peut-être.
Paulina è Ruggiero."
Au retour :
Des routes magnifiques, surplombant la mer, mais des routes très pentues, trop pentues pour moi qui n'ai encore pas roulé cette année.
Je pédale toute guillerette, puis, sans rien dire, me concentrant sur mes efforts et sous le soleil, je pédale de moins en moins vite (déjà que je n'allais pas vite au début !!!) et quand j'arrive en dessous de 3km/h, pouf ! plus d'équilibre, pieds à terre, envie de jeter mon Ulysse (mais je me retiens !), frissons, arrêt à l'ombre, plus envie de rien, larmes qui aident à évacuer mon stress...Roger sort précipitamment des gâteaux secs de ses sacoches, il a détecté rapidement mon hypoglycémie et réagit. Merci, Roger.
Faut pas croire, c'est pas toujours facile, la vie d'une cyclote-voyageuse !
Mais, évidemment, après une montée, il y a toujours une descente et là, la cyclote retrouve son sourire et quelques forces.
Nous rejoignons la côte ouest de la Sicile qui nous fait traverser Trapani et ses salines.
Marsala nous offre un instant délicieux en dégustant le fameux vin doux, parfumé et tellement frais qui nous fait oublier les difficultés de la route.
Une balade au coucher de soleil de Mazara del Vallo nous fait du bien après la chaleur de la route.
Quand nous arrivons à Selinunte, nous découvrons un site archéologique immense, vestiges de l'ancienne cité grecque de Selinunte, située sur des collines au-dessus de la mer.
La plaine environnante était envahie par le céleri sauvage d'où son nom (en grec, selinon est le céleri).
Nous sommes comblés par les fleurs des talus.
Mai est vraiment le mois rêvé pour en être accompagnés partout.
Un régal multicolore pour les yeux.
Des champs d'artichauts bordent aussi la route.
Longtemps avant de les découvrir, les orangeraies sont trahies par leur parfum qui se faufile dans toute la campagne.
Voici un petit aperçu de la tranquillité de nos campings où nous sommes presque seuls à cette époque de l'année.
Pour atteindre Agrigento, il nous faudra encore fournir des efforts intenses sous un soleil de plomb. Une erreur de parcours nous obligera même à redescendre ce que j'avais eu bien du mal à monter ! C'était pourtant bien de chercher les toutes petites routes de campagnes, sans voitures !
Puis, peu avant Agrigento, on prend la route chargée de voitures qui monte à Porto d'Empedocle (ville natale de Camilleri, auteur des romans policiers avec l'inspecteur Montalbano).
C'est alors qu'on aperçoit, tout en bas, une route qui semble plate, longeant la mer !
Trop tard et dommage ! On l'a manquée !
Agrigento, vieille ville médiévale et son site archéologique m'enchante. C'est l'antique Akragas (autrefois, la 4e plus grande cité du monde). La vallée des Temples est classée par l'Unesco.
Au Ve siècle avant le point zéro, elle comptait 200 000 habitants et l'ambiance y était festive, écrit Lonely Planet.