Samedi 13 février 2010
Nous passons notre ultime journée lapone à Pertulli, chez nos amis. Après des rangements et du ménage, les photos nous captivent encore et nous glissons d'un endroit à l'autre pour tout prendre, pour tout engranger, comme si c'était possible...
Martine a la joie de pouvoir essayer une moto-neige. Elle, c'était son rêve et elle n'y croyait plus...Matti vient lui proposer et c'est la fête !

Autant Martine aime les engins motorisés qui montrent toute leur puissance et impressionnent par leur poussée phénoménale (comme un avion au décollage, par exemple), autant je les hais. J'aime la douceur et tout ce que l'énergie humaine peut produire. Il est vrai que c'eût été (Martine va aimer ce verbe !) difficile d'aller en Laponie, pour une semaine, sans avion, mais je n'y suis vraiment pas à l'aise alors que Martine jubile.

Mats, Monica, Erik, Heli et Matti ont su nous donner toute l'amitié dont nous avions besoin, mais ils sont allés bien au-delà, en nous faisant découvrir beaucoup de richesses de la Laponie : les montagnes, exceptionnelles en Finlande, les paysages de neige et de glace, l'habitat de bois, l'usage du sauna, la gastronomie lapone...
En une semaine, nous avons mangé : 
     du saumon
cuit au sel,
fumé à froid 
fumé à chaud
grillé au feu de bois
     du "poisson blanc" 
cuit au sel
     de la viande de renne
coupée finement et revenue dans du beurre
en côtelettes grillées à la poêle
     de la viande d'élan
bouillie
     des desserts
crumbles aux myrtilles
baies nordiques jaunes ou rouges
brioches fourrées à la confiture et crème chantilly (dessert traditionnel de ce qui correspond à notre Mardi Gras)
bananes chocolatées (bananes lapones, nous disent-ils !)
     Santa Maria
Etonnement de voir comme l'alcool est présent. Notre premier grog additionné de Santa Maria nous surprend et nous décidons de le préparer nous-mêmes, les autres jours. Il est ainsi plus léger et moins...décapant ! 
Les petits verres à liqueur ne quittent pas le manteau de la cheminée !

La fréquence des repas nous "destabilise".
Petit-déjeûner/déjeûner sans dessert/une heure après, dessert et café, deux heures après, dîner/une heure après, dessert, suivi de Metaxa, un alcool...grec !
Nous sommes au même rythme que Rosalie qui a un mois !
 Erik (bientôt 2 ans) sait nous charmer par ses sourires, sa gentillesse, ses "neï, neï, neï !" et son..."amour" des tracteurs ! Celui que Martine lui offre ne le quitte pas...sauf pour dormir, peut-être.
A 16h, Mats et Matti nous emmènent à l'aéroport de Kittilä, à 70 km de Pertulli. La neige tombe à gros flocons.

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Un gros pincement au coeur et des larmes marquent notre départ. Quitter Heli, Monica et Erik est très émouvant. Nous cachons notre émotion, à l'aéroport, en canardant de boules de neige la voiture de nos amis.
Nous passons une nuit, à Helsinki, chez Matti et Heli, où nous faisons la connaissance de leurs enfants et petite fille, Ronja. Encore un accueil sympathique avant de quitter la Finlande dimanche 14 février à 13h35.
Lyon nous accueille...sous la neige et le froid, à 20h, avec deux heures de retard !!!

Vendredi 12 février 2010
Heli et Matti prépare une sortie à ski de fond, essentiellement pour moi. Je skie avec Matti puisque Heli me prête ses chaussures et ses skis.
Le long du chemin, pour rejoindre les pistes, des rennes sauvages nous portent peu d'intérêt alors que je n'ouvre pas assez grand les yeux pour les admirer. L'un d'eux est tout blanc. Ils ont l'air si tranquilles, fouissant la neige de leur mufle pour trouver quelque lichen.

    


















Nous arrivons rapidement, sur de belles pistes qui ne semblent damées que pour nous. Il n'y a personne d'autre, loin à la ronde.
Matti est très attentif et m'attend souvent (c'est un très bon skieur, lui !). Je lui propose de skier à son rythme, mais il n'en est pas question. Le paysage est superbe, lumineux et silencieux. Je jouis de chaque instant, de chaque image, de chaque bourdonnement du silence. La promenade est délicieuse, au pied du mont Vuontiskero et près du lac Vuontisjärvi. Tout est blanc, bien-sûr, tout est gelé et glacial. Je ne peux pas garder mes lunettes parce que la buée de ma respiration y gèle immédiatement. Une photo...vite, je quitte ma moufle pour y rentrer encore plus vite !





Au retour, Matti me montre un nouveau petit lapin tout blanc et une hutte de Lapons, peuple nomade conduisant des troupeaux de rennes.


Nous rejoignons la maison, de l'autre côté de la rivière, pour une fin d'après-midi, à rechercher de belles images à emporter, et à préparer le sauna du soir qui sera, pour moi, encore meilleur que l'autre.

En fin d'après-midi, je vais casser la glace de la rivière avec une baramine. Environ 30 cm de glace brisée et l'eau arrive tout doucement. Une autre couche de glace arrête mon outil. Sur la photo ci-dessous, vous voyez la rivière, la baramine et l'emplacement du trou.

Je remplis des seaux, ce jour-là, et les porte au sauna. Mats et Matti ont apporté une provision de bois et ça chauffe petit à petit. Quand le thermomètre atteint 80°, les hommes vont se relaxer puis Mats, Monica et Erik et enfin Heli et moi.
Baissez un peu le son de la musique ci-dessous (c'est Karjalainen, un artiste finlandais qui parle en finnois) et poussez la porte du sauna.

Chut ! On a besoin de calme pour bien en profiter. Heli et moi parlons, à mi-voix, de beaucoup de choses. Ce sont, un peu, des confidences que nous ne nous dirions pas en temps normal, mais l'ambiance du sauna installe, entre nous, une sérénité toute naturelle.
Aucune gêne de nous retrouver nues. Nos corps ne semblent pas présents et font place à l'esprit. Que c'est bon !
Le silence, entre nos échanges, n'est pas lourd, bien au contraire. Nous en avons besoin. 
Ecoutez...
Le bouillonnement délicat de l'eau, dans la réserve, sur le poêle.
Chchchuttt...
Heli, en un geste élégant, jette de l'eau sur les pierres brûlantes, disposées sur le poêle. Elles crépitent et chuintent en dégageant une forte vapeur qui chauffe nos peaux intensément. La sensation de "brûlure" s'efface vite, laissant tous les coins du derme transpirer abondamment.
Ne dites rien...Ecoutez encore...
Les bûches, prennent leur place dans le fourneau en croulant et pétillent en une lueur orangée dans la pièce obscure.
En un léger mouvement, sur les bancs de bois, je fais craquer les planches de petits coups secs.
Deux fois quinze minutes à 80°...
Continuez à écouter ce "silence" fait de murmures variés.
Voici le sauna, vu de l'extérieur.
  Des peaux de rennes sèchent devant la porte et les  oiseaux finissent de les nettoyer tout en se nourrissant.
Il fait froid. Le thermomètre est encore descendu. Voyez vous-mêmes...intérieur/extérieur...                                                                                                                                             
Sur les vitres, le gel dessine des branchages et des étoiles magnifiques.

      

Et pourtant...
...par deux fois, nous nous étendons, dans la neige, et nous en frottons le corps, avant de nous asseoir sur le tronc-banc, recouvert d'une peau de renne, devant la porte, à l'extérieur, donc, et sans aucun vêtement.

Nous n'avons pas froid et nous discutons, un verre de bière à la main. C'est extraordinaire. Je n'y croyais pas avant de l'avoir vécu.

Le sang est extrêmement activé et le froid ne se fait plus sentir. Longtemps après le sauna, je sens la chaleur que dégage mon corps. Fantastique !

Vous apercevez deux creux, sur la photo ci-contre...Ce sont les emplacements où nous nous sommes couchées !!! 



Une belle expérience que nous renouvelons, pendant ce séjour.

Mardi 9 février 2010
(Bon anniversaire, Martin !)
Après un petit-déj excellent et copieux à l'hôtel, nous continuons sur le Grand Nord. et passons à Rovaniemi, capitale de la Laponie et village du Père Noël. Nos amis nous dirons, plus tard, que ce n'est pas le "vrai" village du Père Noël !
Mais, au fait, y a-t-il un "vrai" Père Noël ?
La ville n'est pas belle. Ce n'est qu'un symbole, juste à cheval sur le cercle polaire.






Erik est ravi de contempler ce bonhomme géant, au centre de Rovaniemi, et surtout de chevaucher une moto-neige !







A Rovaniemi, un très beau pont enjambe la Kemijoki (rivière de Kemi) que rejoint, ici,  l'Ounasjoki, mais le bateau n'est pas prêt de quitter la berge !
Nous arrêtons notre folle montée vers le Nord, à 200km au-delà du cercle polaire, perdus dans le fin fond de la Laponie, au milieu des neiges, à Pertulli (ne cherchez pas sur une carte, vous ne trouverez pas !).
On gare la voiture et Mats la branche électriquement pour pouvoir redémarrer demain.

 



Matti nous attend avec une moto-neige et une grande luge pour transporter tous nos bagages de l'autre côté de l'Ounasjoki (rivière Ounas).




Nous traversons ce large cours d'eau, complètement gelé sur 80 cm d'épaisseur, et arrivons dans la maison de "Boucle d'Or et les trois ours".
Des murs faits de gros rondins de bois entrecroisés, le feu dans la cheminée et un couple d'un accueil fantastique, Matti et Heli.


















C'est un conte de fée que nous vivons et que nous vivrons jusqu'à notre départ.

Les pavés de saumon cuisent déjà dans la cheminée. La graisse s'écoule lentement et grésille tout en embaumant la pièce. Un saumon d'une exceptionnelle qualité.












Le thermomètre descend doucement mais sûrement. Il fait -25°.

Quel plaisir de retrouver nos amis finlandais, en ce début d'après-midi, ce dimanche 7 février !
Nous sommes étonnées de la conduite de Mats sur les routes enneigées et nous rendons vite compte qu'elle est très sûre et qu'un coup de frein brutal ne fait pas du tout glisser sa voiture équipée de pneus neige excellents..."Michelin" est fier de dire Mats !



Chez Mats et Monica, un petit en-cas nous permet de nous réchauffer. Nous déposons nos sacs dans nos chambres et allons faire une belle balade à pied, avec trois "sparks" (luges-sièges).




Nous longeons la rivière, comme cet été. Le paysage est tellement différent ! Tout est blanc. La rivière est gelée et recouverte de neige. Il ne fait que -7°. Le temps de faire une photo, je sors la main droite de la moufle et la rentre très vite tant mes doigts sont glacés. Il y a un mois, il y avait -23°. Ce devait être difficile !




Nous croisons des gens équipés des mêmes "sparks" : une dame, rentrant du supermarché, ses courses sur le siège, les enfants de l'école, le cartable posé également...
A la maison, on joue avec Erik subjugué par les tracteurs, avant le souper, puis, Martine et moi, sortons à nouveau pour tenter, en vain, de voir une aurore boréale mais réussissant parfaitement quelques fous-rires !